Sheldon Adelson et sa haine du poker en ligne
Les doux noms que le magnat des casinos et milliardaire américain Sheldon Adelson donne au poker en ligne ont de quoi étonner. Pour lui ce jeu est « quelque chose de toxique, un poison », « un cancer qui attend de se développer » ou encore « une voie vers le naufrage », et ce malgré le fait qu’il est l’un des promoteurs de casinos les plus connus au monde, possédant des établissements de jeu en Amérique, en Asie et bientôt en Europe aussi puisqu’il est à l’origine du futur projet d’EuroVegas qui est censé voir le jour près de Madrid en Espagne. De plus il y a quelques années il n’était pas contre les jeux en ligne, alors que s’est-il passé depuis ?
On peut dire sans se tromper qu’Adelson est un personnage ambigu qui n’hésite jamais à provoquer la polémique sur quelque sujet que ce soit, quant à sa morale… le moins qu’on puisse dire est qu’elle est douteuse, ou carrément inexistante. Il n’y a pas si longtemps que ça il n’avait pas hésité à déclarer, lors d’un discours dans une université de New York, que pour montrer son sérieux l’Amérique devrait envoyer une bombe atomique dans un désert d’Iran et menacer Téhéran d’une même bombe si les autorités iraniennes ne stoppaient pas leur projet nucléaire.
Maintenant c’est au poker en ligne qu’il s’en prend et ce qu’il veut est tout simple : lancer une campagne au niveau national afin de faire en sorte qu’un projet de loi fédéral soit approuvé contre les lois de régulation des jeux en ligne dans tous les états américains. Bien entendu il va financer ce lobbying et a déjà déclaré avoir décidé d’y investir quelques 500 millions de dollars et même plus, de la petite monnaie pour lui. D’où lui vient cette nouvelle haine obsessive du poker en ligne ? Prétendument d’après lui le poker en ligne pose un danger certain pour les gens âgés, les pauvres et surtout pour les mineurs, et il n’hésite pas à comparer la législation des jeux en ligne à une législation de la drogue, du crime et de la prostitution.
Mais la contre offensive n’a pas tardé et à sa tête plusieurs personnalités dont la plus célèbre est Donald Trump, qui est tout à fait partisan de la régulation des jeux en ligne. L’American Gaming Association, à laquelle font partie la plupart des propriétaires d’établissements de jeu en Amérique, y compris le groupe Sands dont Sheldon Adelson est propriétaire, a déjà déclaré qu’elle continuera de faire tout son possible pour que des régulations soient mises au point dans tous les états ainsi qu’au niveau fédéral. Trois états ont déjà ouverts leurs marchés des jeux en ligne, le Nevada pour le poker en ligne, le Delaware pour le poker et les jeux de casino et le New Jersey pour le poker. D’autres y pensent également comme la Pennsylvanie, l’Illinois et la Californie. Il ne faut pas non plus oublier les millions de citoyens américains fans du poker et d’autres jeux en ligne qui ont également leur mot à dire et se rangeront bien entendu du côté de l’opposition à Sheldon Adelson.
ABC News n’a pas attendu pour répondre à Adelson via l’avocat Martin D. Owens qui a réfuté tous les arguments du magnat et a mis l’accent sur le fait qu’Adelson s’y prenait un peu tard pour s’opposer aux jeux en ligne alors qu’ils ont déjà été légalisés dans certains états. John Pappas, directeur de la Poker Players Alliance, a quant à lui déclaré que la régulation du poker en ligne était en route dans le monde entier tout comme aux Etats-Unis et que l’argument d’Adelson sur la protection des mineurs n’est pas valable puisque les sites de poker en ligne peuvent facilement vérifier l’âge de leurs membres, en fait même plus facilement que les casinos terrestres, y compris ceux du magnat.
Et en Europe la Fédération Espagnole des Joueurs de Hasard Réhabilités, quant à elle, pense sérieusement qu’Adelson joue jeu double puisque d’un côté il finance EuroVegas et de l’autre il prétend être pour le jeu responsable. Et le pire est que ce milliardaire de 80 ans n’a pas hésité à exiger des autorités espagnoles toute une liste de dérogations à leurs lois, dont celle contre le tabac, le blanchiment d’argent, l’immigration et autres, en retour de son investissement de près de 2 milliards d’euros et de la création d’une multitude d’emplois pour la construction et la mise en route de son projet de nouvelle cité casino près de Madrid.
Du côté des citoyens de Madrid, la grande majorité est tout à fait contre ce projet et des milliers ont déjà participé à de nombreuses démonstrations dans toute la ville.
Les autorités des lieux de leur côté n’ont pas encore donné de réponse définitive.